Musée de l'Ecole d'Hier "Louis Mailliot"


 
 
 

1914-2014 "Mémoire de l'école et devoir de mémoire"
 
L'école avant et pendant la guerre.
 Ecriture
  La plume permet de dessiner les pleins et les déliés que l'écolier apprenait à exécuter sans appuyer, après avoir tracé la lettre au crayon.
  Le modèle était fait dans la marge par le maître.
Il fallait également maîtriser la quantité d'encre , souvent violette prélevée dans l'encrier pour éviter les taches indélébiles.
  La plume la plus utilisée pour l'écriture est l'illustre "sergent major", opportunément baptisée par le fabriquant d'un nom guerrier et présentée dans une boite décorée de l'image d'une victoire de l'armée française; la boite est entourée d'une

bande tricolore.
  Il y avait là de  quoi faire vibrer les petits français qui rêvaient de gloire militaire et de revanche sur la défaite de 1871.
 
 Crayons, plumes et porte-plume sont rangés dans les plumiers en bois .
Les encriers sont remplis par le maître, ils ont été préalablement nettoyés par un élève pour effacer toutes les taches disgracieuses.

 
 

  L'école publique est républicaine et patriotique .
  Pour elle, république et patrie ne font qu'un et la connaissance de la patrie est le fondement véritable de l'instruction civique.
  Cette connaissance est facilitée par les cartes scolaires accrochées au mur qui montrent la représentation physique du territoire national.

  Les cartes de France d'avant 1918 ne représentent pas l'Alsace et la Lorraine .
Le souvenir de la défaite de 1871 est douloureux et sur bien des cartes de France l'Alsace Lorraine perdue figure en violet, couleur de deuil.

(Pour rendre les documents plus lisible cliquer dessus)







 
 La médecine scolaire

  L'influence des thèses hygiénistes qui assimilent la netteté du corps à celle de l'esprit (un esprit sain correspond à un corps sain) et les raisons politiques inspirent la démarche des gouvernants pour développer une politique d'hygiène à l'école. Elle se met en place vers 1900.
  L'armée, dont on espère qu'elle prendra sa revanche sur l'Allemagne en reconquérant l'Alsace-Lorraine annexée en 1871 a besoin de robustes jeunes recrues.
  Le maître vérifie la propreté des mains à l'arrivée en classe.

  Les leçons de morale présentent les individus malpropres comme de mauvais citoyens, et donnent de la propreté une image vertueuse et séduisante.
  Progressivement, la saleté est assimilée au vice.
  La "bonne crasse" vantée au 19ème siècle tombe en désuétude.
  L'école réussit à convaincre la population que de ne pas respecter son corps, ne pas s'assurer de sa bonne santé, c'est une trahison envers la patrie .
  En liant le patriotisme à l'entretien du corps, on a fait de l'hygiène une exigence acceptée par tous.

 

 Cahiers d ’écoliers
(Titre du livre: Les Cahier de la République, 143 pages. Parution en 2001.Achat par internet 40 euros. Edition Le Grand Livre du Mois.
Auteurs: Suzanne Bukiet et Henri Merou.)

  L’ouvrage couvre une longue période, de 1870 à l’an 2000, qui autorise une appréciation de l’évolution de l’Ecole, en empruntant une seule entrée, la place de la morale et de l’écriture au fil du temps. Mais les auteurs avertissent le lecteur :
« le livre n’a pas la moindre prétention à ébaucher une thèse historico-pédagogique. C’est tout simplement une promenade à travers des pages des cahiers d’écoliers, en s’arrêtant plus particulièrement devant les exercices d’écriture et les sentences morales… »
    Ce cheminement, souvent pittoresque et toujours remarquablement mis en page, est édifiant et un révélateur qui illustre la rencontre de l’Ecole avec l’histoire de la France. Les moments mouvementés des conflits mondiaux sont sur ce point particulièrement signifiants. Pour exemple, l’introduction du chapitre 1914 / 1918 : « Le soldat Français ne se plaint pas. Sous la mitraille, il trouve le mot pour rire. »
   La lecture des programmes d’éducation morale de 1916, en page 89, est à recommander, en particulier les instructions relatives à « La Patrie » pour les cours moyens et supérieurs.
La première partie de l’ouvrage qui égrène les années scolaires depuis 1870, révèle bien des curiosités dans les leçons de civilité par exemple, les thèmes des rédactions et les dictées… « l’amour de la patrie. La carte de l’Europe en 1910. Les bons et les mauvais livres. La guerre est un fléau. Le dévouement civil, le dévouement militaire… »
  Un énoncé de problème et un sujet de rédaction donné en 1916 et 1914, pour illustration :

  • « 78 soldats ont mis 4 jours 1/3 pour faire une tranchée de 180 mètres. Combien 120 soldats mettraient-ils de temps pour faire une tranchée de 250 mètres ? »

  • « Un régiment est passé au début de la guerre de 1914. Décrire le passage de ce régiment, l’accueil de la population, les soldats, les enfants. Impressions générales. Réflexions.. »

  Ouvrage étayé et documenté par un important fonds de 5000 cahiers d’écoliers, collection réunie par l’un des auteurs, Henri Mérou. Grande richesse et qualité iconographique.

 
Publicité guerrière des crayons Gilbert (Givet) avant 1914.

(Titre du livre:Occupations Les Ardennes 1914-1918 Edition Terres Ardennaises Page I (après 303)).
 

L’ obligation scolaire
pendant la guerre 14-18
 

   Après l’invasion allemande, la rue devient le royaume des enfants qui passent leur temps à errer dans les villes et les villages à la recherche de nourriture. Cette situation émeut la commission municipale de Charleville, ce qui pousse, le 1er octobre 1914, son président Gailly à prendre la décision suivante :  L’obligation de la fréquentation scolaire sera assurée par la suppression des distributions de vivres aux familles et la privation de vêtements et des chaussures. Tout enfant rencontré dans les rues sera conduit à l'école par un agent de police et les parents feront l’objet d’une réprimande. Par ailleurs, ils fixent la rentrée le lundi 5 octobre et précisent les horaires de classe : le matin de 9 h 00 à 11 h 00 et l’après-midi de 14 h 30 à 16 h 30.
  Les Allemands imposent l’école obligatoire jusqu’à 13 ans pour les deux sexes (ordre du 31 juillet 1917).
 Il existe un consensus autour de l’école, car que ce soient les autorités françaises ou allemandes, elles ont toutes deux le souci d’éviter la présence des enfants dans les rues. Pour l’occupant, il s’agit de préserver l’ordre public. Pour les Français, il faut éviter la mendicité perçue comme une infamie. Ce dont s’amuse le Kronprinz qui distribue régulièrement de l’argent aux jeunes carolopolitains en les forçant à crier : À bas l’Angleterre, vive l’Allemagne
.

(Titre du livre:Occupations Les Ardennes 1914-1918. Edition Terres ardennaises page 75).

 


  Dessin avec un sanglier datant de de 1914 où il est écrit « Tué oui, vaincu jamais » : Apparaît ici le patriotisme d’une population qui a fréquenté dans sa jeunesse les bancs de l’école de la IIIème République où les instituteurs (les « hussards noirs de la République ») leur ont professé un sentiment antigermanique et une volonté de revanche qui mûrit depuis l’humiliation de Sedan en 1870. Ces conditions de vie rigoureuses imposées par l’occupant, associées à une volonté de revanche depuis la défaite de 1870, ont pu pousser quelques Ardennais à résister.
(Titre du livre: Occupation Les Ardennes 1914-1918. Edition Terres Ardennaises pages 91).

 

   Ecole (sans lieu, ni date). Cette photo de classe a été prise pendant le conflit puisque derrière les élèves et leur institutrice qui posent fièrement, nous pouvons lire sur la porte le mot « Schule », école. Etait-ce juste une indication pour les occupants de la fonction de ce bâtiment ou alors cela voulait-il dire que cette institutrice donnait des cours dans la langue de Goethe à ses élèves, comme ce fut parfois le cas pour faciliter la cohabitation ? Nous ne le savons pas. Un exemple similaire se produit à Saint-Etienne-à-Arnes, où une photographie, parue dans la Gazette des Ardennes, montre un soldat allemand en train de faire la leçon aux écoliers avec l’inscription suivante sur le tableau noir : « Deutsch-Fransösiche Kriegsschule » (école de guerre franco-allemande). Des cas similaires se sont produits dans les régions occupées, même si l’ordonnance du 27 avril 1918 interdit aux Français d’apprendre l’allemand et réciproquement sans l’accord des autorités. Pendant toute la guerre, Melles Bouvier et Douzamy donnent quatre heures d’allemand par semaine en première et seconde, trois heures par semaine de la sixième à la troisième à Sévigné et Chanzy.  À Saint Rémi, les autorités octroient douze heures d’allemand par semaine.

   Sur la photographie, il est possible que les Allemands précisent la fonction du bâtiment dans la mesure où la plupart des écoles d’avant-guerre sont occupées par les troupes de Guillaume II, qui les transforment en logement, prisons ou lazarets.     Les cours se tiennent alors dans des maisons particulières, comme à Charleville où une maison de la rue Chanzy abrite les cours du lycée Sévigné. À Grandpré, en 1916, c’est la sacristie qui sert de salle de classe. À Rethel, les écoles ayant été détruites par les bombardements, l’épicerie Fillion abrite la maternelle, la maison Pouply les garçons et la maison des Lenfant les filles.

 (Titre du livre:Occupations Les Ardennes 1914-1918. Edition Terres Ardennaises page 74).

















Ecole de Montcy notre Dame en 1914

                                                                                                          Félicitations pour un élève en 1918


 
La leçon de morale
 
   Pendant des siècles, l’école a été sous l’influence de l’Eglise. Depuis les lois Jules Ferry votées en 1881-1882 rendant, entre autre, l’enseignement laïc, la prière et le catéchisme ne sont plus pratiqués dans les écoles de la république : place à la morale et à l’éducation  civique.
   C’est ainsi que chaque matin, en entrant en classe, les enfants peuvent lire au tableau les quelques lignes qui constituent la première leçon de la journée : la leçon de morale.
    Celle-ci porte le plus souvent sur les bonnes pratiques de la vie en société. Elle disparaîtra des programmes scolaires en 1971, mais refait régulièrement l’objet de débats.
  Quelques exemples relevés dans les cahiers de l’époque :
 « Celui qui fait toujours ce qu’il veut fait rarement ce qu’il doit ».
« La moquerie est souvent indigence d’esprit ».
« La récompense d’une bonne action est de l’avoir faite ».
« Garder un objet trouvé, c’est voler ».
« L’homme ignorant gagne difficilement sa vie ».


 



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